Association l'Etendard

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Une noble œuvre à la gloire de l'art éternel !

Crime atroce

Le 5 germinal de l’an VII (le 26 mars 1798), un crime à Void :

 

 

« Le département de la Meuse vient d'être le théâtre d'un crime abominable, et qu'à peine on peut concevoir : c'est dans la commune de Void qu'il s'est commis.

Le 3 ventôse, un habitant du lieu fut arrêté dans le bois par trois hommes, qui commirent sur lui le crime de castration, et lui mirent dans sa poche ce qu’ils lui avaient amputé, en lui disant de rapporter cela à sa femme. Cet homme fut secouru par un habitant d’Ourches, qui l’aida à étancher son sang. De retour chez lui, !e bruit se répandit de l'attentat commis sur sa personne. L'agent se transporta chez lui pour reconnaître la vérité ; mais ce malheureux dit qu'il ne connaissait pas ses assassins. Quoique non guéri, ayant été assigné comme témoin, à comparaître le 20 au tribunal criminel, il s'y rendit, et questionné sur son accident, il déclara connaître le chef de ceux qui l'’avoient mutilé. Des ordres furent donnés au juge de paix du canton de  Void d’informer, et il en résulta des preuves suffisantes pour faire arrêter l’accusé, qui fut à l'instant traduit devant le directeur du jury à Commercy.

Le 22, la femme du prévenu fut, avec toute sa famille, composée d'une fille de 16 ans et de deux garçons, l'un de 19, et l'autre de 17 ans, voir son mari. Ils revinrent à Void, désespérés. Le lendemain, ces trois enfants allèrent à la charrue : vers dix heures, la mère courut les rappeler. Ils revinrent tous ensemble, rentrent dans la maison, et ferment exactement les portes.  On entend des plaintes, des cris : un instant après le jeune homme de dix- neuf ans ouvre la porte, se montre dans la rue ayant la gorge coupée et couvert de sang ; il se précipite dans le ruisseau et s'en relire et se jette sur un banc. Ou accourt à lui, on le questionne ; mais il ne peut répondre, il meurt. On entre dans la maison, on ne trouve personne ; on va à l’écurie, on trouve le jeune homme de dix-sept ans, !e col coupé, expirant et jeté sur le sein de sa sœur de seize ans, égorgée, el une hache à côté d’eux ensanglantée. On cherche ensuite la mère ; on croit qu'elle s’est noyée. Un homme, en fouillant dans le grenier, aperçoit une main livide, il la lire; c’était cette femme baignée dans son sang, ayant deux coups de couteau dans le bas-ventre et la gorge coupée; elle respirait encore; on lui prodigue des secours, on la ramène à la vie, et ses blessures ne sont pas mortelles. On lui fait prêter un interrogatoire : elle déclare qu'un étranger est venu pour lui parler des affaires de son mari; que, sous prétexte de l'entretenir en secret, il l'a menée là et la assassinée. Elle demande après ses enfants ; on ne veut pas lui dire le sort malheureux qu'ils ont éprouvé. Cependant, on apprend que personne n’est sorti de la maison, et on n'ose soupçonner la mère d'avoir commis un tel crime.

L’officier de police renouvelle ses interrogatoires, et il parvient à découvrir la vérité. . Celle malheureuse femme déclare qn'ayant été voir son mari avec ses enfans, et voyant qu'il serait puni, elle avait déterminé ceux-ci à mourir plutôt que de voir un tel déshonneur; qu'en conséquence, ils étaient tous revenus de la charrue, qu’on avoit ôté les colliers des chevaux, et bien rempli les râteliers de foin, qu’ensuite ses enfants avoient ôté leur col, et s’étoient agenouillés devant elle pour recevoir la mort, qu’elle leur avoit donnée avec une hache ; qu’aussitôt elle avoit voulu se percer le cœur, mais que son couteau n’ayant pas entré, elle s’en étoit porté deux coups au bas-ventre et un dans la gorge ; que, s’étant aperçue que son fils aîné, en se débattant contre la mort, avait ouvert la porte, et craignant d’être vue et prise en vie, elle avoit encore eu assez de force pour monter au grenier, dans l’intention de se précipiter par la fenêtre, mais qu’elle étoit tombée en faiblesse, et n’avoit eu le tems que de se couvrir du peu de paille sous laquelle on l’avait trouvée. On l’a donc arrêtée et conduite à Commercy. En sortant de la maison, elle a vu ses trois enfants égorgés, elle les a examinés sans changer de couleur, en disant : « Quoi ! ils sont encore là ! »

Depuis qu’elle est à Commercy, on a appris que le crime de castration avait été commis par le mari, à l’aide de ses deux fils ; que, voyant tout découvert, elle a persuadé à ceux-ci qu’il fallait mourir tout de suite,  plutôt que d’être guillotinés ; et qu’elle ainsi que sa fille en feraient de même pour ne pas être déshonorées ; que, parvenue à les décider, elle les avait tous immolés et que, si elle eût eu trente enfants, elle les eut tous mis à mort..

On ignore encore quel est le motif qui a pu  porter le mari el les fils de cette femme au crime de castration. Les suites de la procédure donneront sans doute des lumières sur la cause première de tant d’atrocités. »

 

 

De l’imprimerie de J.P. Brasseur, n°43 pages 739 et 740.

Le 5 germinal de l’an VII (le 26 mars 1798), un crime à Void :

 

 

« Le département de la Meuse vient d'être le théâtre d'un crime abominable, et qu'à peine on peut concevoir : c'est dans la commune de Void qu'il s'est commis.

Le 3 ventôse, un habitant du lieu fut arrêté dans le bois par trois hommes, qui commirent sur lui le crime de castration, et lui mirent dans sa poche ce qu’ils lui avaient amputé, en lui disant de rapporter cela à sa femme. Cet homme fut secouru par un habitant d’Ourches, qui l’aida à étancher son sang. De retour chez lui, !e bruit se répandit de l'attentat commis sur sa personne. L'agent se transporta chez lui pour reconnaître la vérité ; mais ce malheureux dit qu'il ne connaissait pas ses assassins. Quoique non guéri, ayant été assigné comme témoin, à comparaître le 20 au tribunal criminel, il s'y rendit, et questionné sur son accident, il déclara connaître le chef de ceux qui l'’avoient mutilé. Des ordres furent donnés au juge de paix du canton de  Void d’informer, et il en résulta des preuves suffisantes pour faire arrêter l’accusé, qui fut à l'instant traduit devant le directeur du jury à Commercy.

Le 22, la femme du prévenu fut, avec toute sa famille, composée d'une fille de 16 ans et de deux garçons, l'un de 19, et l'autre de 17 ans, voir son mari. Ils revinrent à Void, désespérés. Le lendemain, ces trois enfants allèrent à la charrue : vers dix heures, la mère courut les rappeler. Ils revinrent tous ensemble, rentrent dans la maison, et ferment exactement les portes.  On entend des plaintes, des cris : un instant après le jeune homme de dix- neuf ans ouvre la porte, se montre dans la rue ayant la gorge coupée et couvert de sang ; il se précipite dans le ruisseau et s'en relire et se jette sur un banc. Ou accourt à lui, on le questionne ; mais il ne peut répondre, il meurt. On entre dans la maison, on ne trouve personne ; on va à l’écurie, on trouve le jeune homme de dix-sept ans, !e col coupé, expirant et jeté sur le sein de sa sœur de seize ans, égorgée, el une hache à côté d’eux ensanglantée. On cherche ensuite la mère ; on croit qu'elle s’est noyée. Un homme, en fouillant dans le grenier, aperçoit une main livide, il la lire; c’était cette femme baignée dans son sang, ayant deux coups de couteau dans le bas-ventre et la gorge coupée; elle respirait encore; on lui prodigue des secours, on la ramène à la vie, et ses blessures ne sont pas mortelles. On lui fait prêter un interrogatoire : elle déclare qu'un étranger est venu pour lui parler des affaires de son mari; que, sous prétexte de l'entretenir en secret, il l'a menée là et la assassinée. Elle demande après ses enfants ; on ne veut pas lui dire le sort malheureux qu'ils ont éprouvé. Cependant, on apprend que personne n’est sorti de la maison, et on n'ose soupçonner la mère d'avoir commis un tel crime.

L’officier de police renouvelle ses interrogatoires, et il parvient à découvrir la vérité. . Celle malheureuse femme déclare qn'ayant été voir son mari avec ses enfans, et voyant qu'il serait puni, elle avait déterminé ceux-ci à mourir plutôt que de voir un tel déshonneur; qu'en conséquence, ils étaient tous revenus de la charrue, qu’on avoit ôté les colliers des chevaux, et bien rempli les râteliers de foin, qu’ensuite ses enfants avoient ôté leur col, et s’étoient agenouillés devant elle pour recevoir la mort, qu’elle leur avoit donnée avec une hache ; qu’aussitôt elle avoit voulu se percer le cœur, mais que son couteau n’ayant pas entré, elle s’en étoit porté deux coups au bas-ventre et un dans la gorge ; que, s’étant aperçue que son fils aîné, en se débattant contre la mort, avait ouvert la porte, et craignant d’être vue et prise en vie, elle avoit encore eu assez de force pour monter au grenier, dans l’intention de se précipiter par la fenêtre, mais qu’elle étoit tombée en faiblesse, et n’avoit eu le tems que de se couvrir du peu de paille sous laquelle on l’avait trouvée. On l’a donc arrêtée et conduite à Commercy. En sortant de la maison, elle a vu ses trois enfants égorgés, elle les a examinés sans changer de couleur, en disant : « Quoi ! ils sont encore là ! »

Depuis qu’elle est à Commercy, on a appris que le crime de castration avait été commis par le mari, à l’aide de ses deux fils ; que, voyant tout découvert, elle a persuadé à ceux-ci qu’il fallait mourir tout de suite,  plutôt que d’être guillotinés ; et qu’elle ainsi que sa fille en feraient de même pour ne pas être déshonorées ; que, parvenue à les décider, elle les avait tous immolés et que, si elle eût eu trente enfants, elle les eut tous mis à mort..

On ignore encore quel est le motif qui a pu  porter le mari el les fils de cette femme au crime de castration. Les suites de la procédure donneront sans doute des lumières sur la cause première de tant d’atrocités. »

 

 

De l’imprimerie de J.P. Brasseur, n°43 pages 739 et 740.